Inclusion, de l’accessibilité à la participation
Débat CNCA au Palais de Luxembourg, Paris
20 ans de la loi 2005 dans l’art et la culture
Ven. 17 mai 2024 — de 14h à 18h
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances marquait une nouvelle ère qualifiée d’historique. Pour autant, deux décennies plus tard une vaste mobilisation, aussi nécessaire qu’enthousiasmante, est encore indispensable pour aboutir à une société inclusive. Les gestes et les œuvres d’artistes en situation de handicap renouvèlent notre perception de l’art et de la société et contribuent à modifier notre regard sur le handicap. Le colloque inclusion, de l’accessibilité à la participation explore de nouvelles pistes et interroge les règlementations afin d’accroitre l’effectivité des droits et reconnaitre la place des artistes en situation de handicap.
UN DÉBAT DE SOCIÉTÉ SUR L’EFFECTIVITÉ DES DROITS DES ARTISTES EN SITUATION DE HANDICAP
Entretien avec THIERRY SÉGUIN
Directeur du Centre National pour la Création Adaptée (CNCA)
« Qu’est-ce que nous n’avons pas osé, en 20 ans, pour parvenir à l’égalité réelle ? »
Depuis 50 ans, la scène artistique s’est progressivement enrichie des gestes et des œuvres des hommes et des femmes en situation de handicap. Ces artistes aspirent à la reconnaissance d’autant que leurs singularités posent un point de vue différent. En décalant le regard, ils ébranlent durablement notre perception de l’art, de la société et du handicap. Bien que leur expression soit de plus en plus fréquente dans les grands festivals, les programmations des musées et des théâtres, leur visibilité demeure très limitée. Ce que le Trinkhall Museum de Liège qualifie de « puissance expressive des mondes fragiles », n’a pas encore été pleinement reconnu.
Comme pour toute évolution, voire révolution, aucun progrès significatif ne peut être réalisé sans un changement profond dans notre perception des différences. Ce changement passe par le partage d’expériences vécues avec les personnes vivant avec le handicap, afin d’enrichir une compréhension commune et de favoriser une société plus ouverte.
L’évolution de cette visibilité se manifeste progressivement à travers la réglementation. Encore récemment, avant l’adoption de la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, les personnes en situation de handicap devaient négocier pied à pied l’accès à l’espace public. L’entrée dans un hôtel, un restaurant ou un lieu culturel pouvait leur être refusée. Depuis cette loi, l’accès est devenu un droit, bien qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour une accessibilité universelle. L’évolution des pratiques et de la visibilité des artistes empêchés progresse au rythme des législations mises en œuvre.
Comment alors faire un art qui transforme la société ?
Longtemps porté par des pionniers, c’est aujourd’hui un nombre croissant d’acteurs du monde de l’art qui aspire à surmonter les obstacles existants. Ils sont prêts à révolutionner leurs pratiques pour accueillir ces gestes d’artistes singuliers. Trois dimensions clés sont nécessaires pour y parvenir :
- L’accessibilité à la formation artistique impérative dès le début du parcours scolaire via une Éducation Artistique et Culturelle Adaptée (EAC.A). Elle doit se prolonger en adaptant les formations professionnelles aux besoins spécifiques des élèves empêchés, afin de leur ouvrir les portes des carrières artistiques.
- La concrétisation des droits à la création en adoptant des politiques de soutien incluant des mesures compensatoires ajustées aux différents types d’empêchements. Cela pourrait se traduire par un régime d’intermittence adapté, des aides qui tiennent compte des besoins d’accompagnement, d’appareillage et de temps supplémentaire.
- Une mobilisation large de la communauté culturelle avec les hommes et les femmes concernées. Les institutions artistiques, les festivals et les lieux culturels doivent poursuivre l’élan des précurseurs et généraliser l’inclusion d’artistes en situation de handicap dans leur programmation. Elles doivent amplifier l’effort de mise en accessibilité des spectacles et des pratiques artistiques, s’enrichir d’expérimentations, faire tomber les cloisonnements, trouver les voies multiples de la participation de toutes et tous au fait culturel.
Le rapport du collectif Brut Pop sur l’accès à l’enseignement musical nous rappelle que, malheureusement, aucune société inclusive n’existe encore. Cependant, cette réalité doit nous inciter à agir collectivement pour identifier les voies réglementaires et concrètes qui favorisent l’inclusion. Une vaste mobilisation, aussi nécessaire qu’enthousiasmante, est encore indispensable pour aboutir à une société inclusive.
PROGRAMME
OUVERTURE DU COLLOQUE
- Jean Luc Fichet — sénateur du Finistère
- Philippe Mouiller — président de la commission des affaires sociales Sénat représenté par la sénatrice Marie-Do Aeschlimann
INTRODUCTION / Après l’égalité en droit, agir pour l’égalité réelle
- Thierry Séguin — directeur du CNCA
LA GRANDE TABLE RONDE De l’émergence des vocations à la professionnalisation
Animation, Sophie Massieu — journaliste
- Alice Davazoglou — danseuse et chorégraphe, formatrice et Céline Luc, Présidente Cie A Ciel Ouvert
- Eric Minh Cuong Castaing — danseur, chorégraphe, plasticien
- Pierre-Yves Baudot — professeur de sociologie, chercheur à L’IRISSO, Univ. Paris-Dauphine – PSL
- Jérémie Boroy — président du CNCPH Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées
ÉCHANGES AVEC LA SALLE
PLAIDOYERS : 3 minutes pour 3 propositions par 4 réseaux
- APPT ASSOCIATIONS DES PERSONNES DE PETITE TAILLE — Florence Talbi et Violette Viannay
- IMAGO – Le Réseau des pôles Art et Handicap franciliens — Élodie Chassaing et Anne-Cécile Hue
- IVT International Visual Theatre— Emmanuelle Laborit et Jennifer Lesage-David
- ENTRELACS – Réseau national des pôles Art et Handicap —Clara Bourgeois et Alain Goudard
- RÉSEAU NATIONAL DES COMPAGNIES INCLUSIVES — Virginie Marouzé, Richard Leteurtre et Michaël Sicret
LECTURE par la comédienne Sandrine Bonnaire du texte commandé à l’auteure Babouillec.
SYNTHÈSE
- Maud Verdier — Maître de conférence / Univ. Paul Valéry de Montpellier, chercheuse associée à l’ESAT La Bulle Bleue et au CNCA.
CONCLUSION